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Ce texte a été présenté au XXIV Valcamonica Symposium, « Art and Communication in pre-literate Societies », Capo di Ponte, 13-18 july 2011, et a déjà été publié en italien dans les Actes de ce Symposium (Edizioni del Centro, pp. 180-187), D. Gariglio, D. Lysek & P. Rossi « ARTE, COMUNICAZIONE E BENESSERE», aussi disponible sur Scienza e Psicoanalisi (14 ottobre, 2011, https://www.psicoanalisi.it/osservatorio/3436 ).

Il approfondit, en y intégrant de nouvelles données, l’article du D. Lysek et D. Gariglio « L’attività creativa nella preistoria: un’espressione di tracce di benessere? », présenté au XXIII Valcamonica Symposium, « Making History of Prehistory the role of rock art », Capo di ponte, 28 ottobre-2 novembre 2009 et publié en 2010 dans le N° 36 du Bollettino del Centro Camuno di Studi Preistorici (BCSP), pp. 60-70


 

Les archéologues disposent de peu d’éléments pour comprendre le sens de ce que des hommes préhistoriques ont sculpté ou peint dans la roche. Ils devraient donc volontiers, nous semble-t-il, accueillir des apports d’autres disciplines scientifiques, même s’ils sont modestes, pour autant bien sûr qu’ils soient suffisamment pertinents. Notre contribution quant à l’Art préhistorique s’inscrit dans cette optique. Elle est psychanalytique et se fonde sur notre pratique des longues séances de micropsychanalyse (Fanti, 1981).

Le travail analytique fait émerger des représentations et des affects que le contexte associatif permet d’interpréter. On peut relier une grande partie de ce matériel à des événements vécus par le sujet en analyse, en particulier durant son développement utéro-infantile, c’est-à-dire pendant ses six premières années de vie. Cependant, certaines représentations se révèlent être antérieures à la personne : de temps à autre, les associations libres débouchent sur des composantes familiales de l’analysé. Différents recoupements nous permettent de considérer ces composantes familiales comme des vécus, mémorisés par des ancêtres de la personne en analyse, et refaisant surface en séance sous forme de revécus. Bien plus, on tombe parfois sur des vécus qui semblent faire partie du fonds mnésique de l’humanité, telle une mémoire collective se transmettant génétiquement de génération en génération selon les lois de l’inconscient, donc d’une manière qui ne semble pas être soumise à l’influence du temps.

Décrire tous les éléments associatifs sur lesquels nous nous appuyons pour affirmer cela dépasserait le cadre de ce travail. Précisons seulement que les représentations et affects phylogénétiques dont nous parlons ici s’associent à des éléments que nous savons appartenir à des strates très archaïques de l’inconscient, où l’on trouve les fantasmes originaires (Laplanche et Pontalis, 1964) et les interdits inconscients fondamentaux à l’origine des sociétés humaines, comme les tabous de l’inceste et du meurtre (Freud, 1912, 1929) ; en plus de ces éléments déjà explorés par la psychanalyse classique, les longues séances permettent de mettre en évidence des contenus archaïques dont il vaut la peine de dire un mot maintenant.

Notre travail analytique nous indique en fait que l’inconscient conserve la trace de deux types d’événements : d’une part, la mémoire des dangers vécus dans des temps très éloignés ou de peurs archaïques liées à des situations inquiétantes ; d’autre part, il garde en mémoire des mécanismes primitifs d’adaptation aux circonstances, il conserve la trace d’une vie tribale harmonieuse, il porte l’empreinte de satisfactions pulsionnelles en rapport avec la survie ou de la réalisation de désirs visant l’autoconservation individuelle ou collective. Ces derniers éléments sont particulièrement intéressants pour le sujet qui nous intéresse aujourd’hui. Il s’agit en effet de composantes de l’inconscient dont on a pu déterminer, chez des personnes contemporaines, qu’elles entrent en jeu dans leur créativité, ce qui aurait aussi bien pu être le cas chez les hommes préhistoriques.

creativite_bien_etre Dans notre livre Créativité bien-être. Mouvements créatifs en analyse (Lysek et Gariglio, 2008), nous avons proposé une nouvelle modélisation de la créativité. Nous avons effectivement émis l’hypothèse qu’un processus créateur se met en route quand des traces d’expériences de bien-être inscrites dans l’inconscient – qui étaient jusque-là étouffées par des vécus conflictuels ou traumatiques – se réactivent et parviennent à échapper à l’emprisonnement imposé par le refoulement. Les caractéristiques de ces vécus de bien-être peuvent alors se manifester. Plus précisément, l’expression créative commence de se construire quand le sujet réussit à surmonter la sensation de vide provenant d’une perte ; son psychisme peut alors remodeler, à la lumière d’expériences de bien-être, les résidus de conflits refoulés (par exemple, les vécus en rapport avec le complexe d’Œdipe ou avec le complexe de castration… ou encore ceux liés au fameux père terrifiant de la horde primitive, cher à Freud). On appelle ce processus, qui se déroule dans les strates les plus évoluées du psychisme (c’est-à-dire dans le préconscient), « élaboration recombinative » parce qu’il rassemble des contenus psychiques de nature diverse  et les organise en un ensemble original et cohérent; cet ensemble forme un « objet psychique recombiné » qui sera projeté dans la réalité, concrétisant ainsi la création. Or, tout nous indique que ce processus est commun à tous les êtres humains.

De plus, nous avons remarqué que, lorsqu’on se confronte aux objets préhistoriques, on peut se sentir en résonance profonde avec ce que l’homme préhistorique a créé. Si on se met alors en état d’attention flottante (attitude d’écoute typique de l’analyste en séance), des représentations et affects de bien-être viennent occuper la scène de notre psychisme. Ces représentations et affects tendent spontanément à se connecter à du matériel analytique similaire, par exemple avec ce que l’analysé exprime quand il éprouve de la satisfaction et se trouve dans un état de détente, enveloppé dans un climat relationnel fait d’interactions favorables à l’union et à la préservation de la vie ; comme analyste, nous pouvons partager ce climat si on se laisse aller à un mouvement contre-transférentiel positif.

En nous basant sur tout cela, nous avons soutenu au XXIII Valcamonica Symposium (Lysek & Gariglio, 2010) la thèse que certaines manifestations de satisfaction ressortant de la vie quotidienne, qu’elles se soient exprimées pendant la préhistoire ou qu’elles soient actuelles, témoigneraient de traces inconscientes laissées par des vécus précoces de bien-être, c’est-à-dire ayant eu lieu pendant le développement utéro-infantile. Dans la psyché de nos ancêtres, ces traces pourraient s’être réactivées pendant des moments de tranquillité, où les besoins biologiques et relationnels étaient satisfaits ; cela aurait favorisé l’élaboration et la recombinaison des informations mémorisées dans leur psychisme et les aurait donc poussés à la création. Parmi les éléments incorporés par une telle élaboration recombinative, il pourrait y avoir eu, dans le cas de la préhistoire, des représentations mentales de la réalité : ces représentations concerneraient les organes génitaux, la reproduction, la fonction alimentaire (en particulier de l’allaitement), des animaux sauvages ou domesticables, la nature comme source d’aliments ou de dangers…

Autrement dit, nous avons émis l’hypothèse que des manifestations de créativité bien-être pourraient avoir existé dans la préhistoire et que l’art rupestre pourrait avoir été lui aussi, en certaines occasions, une reproduction imagée d’expériences de bien-être, recombinées avec des résidus de vécus agressifs-sexuels refoulés. Dans la présente communication, nous chercherons à recueillir, dans les traces laissées par les sociétés ne disposant pas de l’écriture, des indices à l’appui de l’hypothèse qu’une dynamique liée à la mémoire inconsciente du bien-être s’exprimerait à travers les productions préhistoriques. Ce point commun entre nous et eux créerait un lien supplémentaire avec nos lointains ancêtres.

La période que nous examinerons se limite au Paléolithique supérieur européen, pour laquelle nous disposons d’une iconographie particulièrement abondante et explicite quant à notre sujet. Nous avons dégagé, en tenant compte de l’élaboration recombinative sous-jacente, différentes manières dont le bien-être a été représenté pendant cette période. Nous avons ainsi rassemblé des images peintes et gravées selon cinq thématiques : 1) les représentations féminines (gravettiennes et magdaléniennes) ; 2) les hybrides (homme-animal) 3) les scènes de relations entre deux ou plusieurs sujets, animaux ou humains ; 4) une esthétique plaisante et agréable de certaines images animales ; 5) une magnifique osmose avec l’environnement.

Groupe 1 : Vénus gravettiennes et magdaléniennes : entre maternité et féminité (ill. 1a, 1b)

1 a – Petite sculpture féminine en ivoire de mammouth. Hauteur 59,7 mm. La datation des niveaux correspondant la situe dans l’Aurignacien initial, il ya environ entre 40.000 et 36.000 années, ce qui, à ce jour, en fait la plus ancienne représentation féminine placé dans le genre de ce qu’on appelle “Vénus” du Gravettien. Découverte en 2008. Grotte de Höhle Fels, Schelklingen, Allemagne. (extrait de N. J. Conard, 2009, p. 248)

1 b – Petite sculpture féminine en ivoire de mammouth, appelé “Vénus impudique”, la première figurine paléolithique découverte en France, en 1864. Hauteur 77 mm. La tête semble être endommagé et elle est perdue. Datation au Magdalénien moyen ou supérieur. Abri de Laugerie-Basse, Dordogne, France. (extrait de A. ROUSSOT, 1996, p. 23)

 

Les Vénus gravettiennes sont des femmes grasses aux seins volumineux. Elles ne correspondent pas aux critères esthétiques actuels ; pourtant, presque toutes les personnes qui les regardent éprouvent une émotion positive à leur égard, un désir régressif de s’y blottir, un sentiment de sécurité et une impression d’être protégé des vicissitudes de l’existence. Quand ces personnes en parlent en analyse, cela s’associe à des représentations maternelles rassurantes et à des affects de bien-être. On pourrait tenter d’expliquer la projection de tels fantasmes par le fait que le contact visuel avec ces objets ferait résonner en nous des représentations et affects phylogénétiques très archaïques. Qu’on pourrait précisément ramener à une mémoire d’événements préhistoriques. Tout indique que ces traces se réactualisent ontogénétiquement quand le petit humain vit une expérience de bien-être au contact de sa mère. Ainsi, on pourrait expliquer la satisfaction éprouvée en regardant une Vénus gravettienne par la réactivation de souvenirs ontogénétiques et de traces phylogénétiques de bien-être.

Voici un exemple. Un analysé apporte ce matériel après avoir visité un musée archéologique : « J’ai été frappé par la statuette d’une Vénus préhistorique ; j’en suis pratiquement tombé amoureux ; je la contemplais en extase et j’étais vraiment bien ; je me sentais totalement détendu, un état de bonheur hors du temps. Je m’en suis ensuite acheté une reproduction, qui trône actuellement sur mon bureau. […] Ma femme est désespérée parce qu’elle a beaucoup grossi ; pourtant elle me plaît ainsi, comme cette Vénus. Bien sûr, elle m’excite moins sexuellement, mais c’est largement compensé par le sentiment de paix et de sérénité que j’éprouve quand on est ensemble. […] Un rêve me revient en mémoire, je l’avais fait après avoir acheté cette statuette : j’étais à Jurassic Parc, entouré de tyrannosaures très agressifs qui étaient sur le point de me dévorer. Derrière moi il y avait ma statuette ; elle a commencé à s’agrandir et est devenue énorme. Puis elle s’est animée, devenant une femme-déesse. Elle s’est approchée sans crainte des gros animaux. Elle les caressait et ils sont immédiatement devenus dociles et affectueux. La déesse m’a prise sur elle et je ne me suis jamais senti aussi bien. »

Cet extrait de séance est un exemple typique des boucles associatives qui se forment au cours des longues séances. Une boucle associative est une succession d’éléments verbalisés qui reviennent à leur point de départ : les derniers éléments correspondent aux premiers, mais en plus ils établissent des liens avec des contenus plus profonds, révélant ainsi des représentations et/ou des affects de l’inconscient (Lysek, 2007, 2010). En l’occurrence, cette boucle associative relie le présent aux temps préhistoriques, favorisant « l’élaboration recombinative » d’éléments dans lesquels la sexualité s’enrichit de tendresse et d’un sentiment de sécurité. Pour revenir à notre interprétation des productions préhistoriques, le bien-être qui émane des pièces archéologiques serait l’équivalent d’une boucle associative qui se bouclerait.

Quant aux Vénus magdaléniennes, plus récentes et aux formes moins abondantes mais qui indiquent aussi la féminité (fesses proéminentes et seins parfois seulement esquissés), elles sont également plaisantes à observer, avec leurs formes plus stylisées. En fait, ce type de féminité porte l’empreinte d’un bien-être tel que celui qu’on peut éprouver à voir un « rejeton » en train de grandir : l’adolescent qui est en train de se transformer.

Groupe 2 : Personnages hybrides : « l’hybride comme intégration et potentialisation » (ill. 2a, 2b)

2 a – Composition appelé “sorcier”, situé sur un dièdre rocheux dans la Salle du Fonds, formé par un triangle pubien féminin avec ses cuisses et par un être composite (en haut à droite), formé par la tête d’un bison, un bras gauche humain avec ses doigts et, peut-être, une jambe humaine placé vers le bas. Cette dernière pourrait être complété avec d’autres traits, situé plus bas et à l’arrière de la roche dièdre (dans le relevé en bas à droite) pas facile à interpréter. En haut à gauche est finalement la tête d’un lion, tourné à gauche et de profil. L’interprétation sélective des multiples traits, il reste à confirmer. Datation à l’Aurignacien. Découverte en 1994. Grotte Chauvet, Vallon-Pont-d’Arc, Ardèche, France. (extrait de J. Clottes (sous la direction de), 2001, pp. 169-170)

2 b – Etre hybride appelé “Sorcier” ou “Dieu cornu”, peint et gravé, avec des éléments humains (membres postérieurs, membres antérieurs, barbe, rare visage frontale) et animales (yeux de hibou, queue de cheval, bois de cerf, oreilles bestiales, sexe), situé dans la Salle du Sanctuaire. Datation au Magdalénien, style IV de A. Leroi-Gourhan. Découvert en 1914. Grotte des Trois-Frères, Montesquieu-Avantès, Ariège, France. (extrait de N. Coye (sous la direction de), 2006, p. 95)

 

Dans un article sur L’hybride, Daniela Gariglio (2011, pp. 35-55) considère que ce type d’image présente trois aspects : « conflit, transformation et intégration, dans une optique d’universel psychobiologique ». Cette interprétation est soutenue autant par des objets préhistoriques présentés par Pietro Rossi, archéologue qui a collaboré à ce travail (pp. 56-67), que par des extraits de séance micropsychanalytiques présentés dans le cadre de la dynamique transférentielle et contre-transférentielle. Les extraits proviennent de deux analysés et consistent en séquences associatives ayant jailli à partir de la statuette d’un hybride, présente dans la pièce de séance. De même que, pour Gabriella Brusa Zappellini, l’hybride peut être interprété comme la « restitution graphique d’une expérience visuelle émotionnelle » (2009, p. 144), les séquences associatives rapportées dans l’article de Daniela Gariglio soulignent « l’intégration représentationnelle-affective propre à l’Image » et le passage de l’aspect du conflit à celui de la synergie. Plus précisément, l’auteure part d’un inducteur associatif – le ressenti de l’hybride comme un « prodrome de poussée transformatrice » ou une « potentialité de passage » – puis elle le ressent comme quelque chose de « vital, nouveau et original » ; en cela, elle donne raison à Luca Cavalli Sforza (2010) qui parle de la « vigueur des hybrides » (p. 46), ajoutant que « plus les individus sont mélangés, plus ils sont performants par rapport à l’environnement » (p. 47). Les séquences associatives rapportées dans l’article mettent en évidence un continuum conflit-perte-intégration. Ce continuum incite à aller au delà de l’essence conflictuelle et traumatique de l’être, dont on ne peut faire abstraction et qui est aussi inhérente à l’hybride, comme en attestent les travaux d’Anati (2010), ainsi que ceux de Bolmida (2010) qui voit l’hybride comme « un essai d’élaborer des événements traumatiques dus à des catastrophes externes gravées dans la mémoire collective ou à des grossesses perturbées, événements projetés sur l’animal-monstre et ré-introjectés en une identification pseudo-humaine persécutoire », ce qui conduit à l’hypothèse formulée par Bruna Marzi (2011) selon laquelle «  les images hybrides seraient une représentation du conflit psychobiologique intra-utérin ».

Pour notre part, nous utiliserons un extrait des séquences associatives dont il a été fait mention (Gariglio, 2011) pour mettre en évidence le mouvement de transformation qui s’est produit au cours des séances. Les voici, sous forme condensée : « dans cette conjonction d’un homme et d’un animal, je me suis vu […] comme dans un miroir […] en conflit entre deux natures. […] J’ai reconnu dans l’hybride mon vrai blocage, un blocage affectif, qui a depuis toujours immobilisé mes émotions, ne leur permettant d’aller ni vers l’intérieur ni vers l’extérieur. Une stase. […] Comme ici en séance. […] Dans cette série de séances, j’ai l’impression d’avoir effectué un grand pas : j’ai passé d’une attitude passive infantile à la conscience d’être un adulte ; je me donne ce dont j’ai besoin, en fonction de ce que je peux. Dans mon rêve de cette nuit, il y avait un homme qui courtisait ma femme. Je me confronte à lui, pour la première fois. […] J’ai rêvé que ma mère mourait […] je ne comprenais pas ce pas en avant : le rapport mère-fils est statique, alors que le rapport vers l’extérieur est dynamique. J’éprouve un sentiment de satisfaction. Je sens maintenant en moi cette possibilité de vie chaude. […] Ce qu’il y a de beau avec l’hybride, c’est que, une fois qu’on l’est devenu, on ne peut plus retourner en arrière, redevenir une des deux entités qui ont fusionné en une seule forme, en se fortifiant. […] J’étais en train de fantasmer sur une idée de peinture […] : une base d’hommes-racines, plantés dans la terre et en contact avec l’extérieur, tendant vers le haut. J’espère que vous aussi êtes satisfaite. »

L’article mentionne une autre personne, qui présente un deuil douloureux s’élaborant difficilement. En séance, elle voit l’hybride et, petit à petit, elle accomplit le cheminement associatif suivant : « Je sens comme une forme humaine dont la tête est celle d’un diable malveillant, quelque chose de vraiment méchant, prêt à éclater. […] Un temps, je rêvais toujours que le diable était dans ma chambre, mais la dernière fois, je me suis dit : le diable c’est moi ! Si je sors de la destructivité parce que j’en ai conscience, je pourrais créer. […] Il m’est venu à l’esprit tant de choses nouvelles que je pourrais faire maintenant que je suis seule, même avec les autres. […] Je ressens une convergence vers une recherche commune. […] J’ai rêvé que deux magnifiques ailes avaient poussé sur moi et qu’elles me rendaient très forte. »

Dans le compte-rendu final de l’article précité (Gariglio, 2011), les auteurs (G. & Rossi) écrivent, comme premier essai de synthèse psychanalytico-archéologique (p.68-69) : « En tant qu’expression d’une adaptabilité, l’hybride se situe dans la droite ligne des mouvements de transformation-intégration, finissant par amener une potentialisation énergétique et une augmentation des possibles. On peut ainsi voir l’hybride comme « l’essai réussi » de créer une forme nouvelle, essai dont il faut prendre conscience pour conceptualiser ce qui caractérise « la naissance de l’original personnel » (« la nascita del proprio originale »), (Gariglio, 2009), fonction de celui qui l’invente et à disposition de ceux qui l’utilisent. Le continuum de transformation est l’essence de l’original personnel ; c’est le fruit et l’accomplissement d’un processus d’« élaboration recombinative », selon la modélisation présentée dans Créativité bien-être (Lysek & Gariglio, 2008). Dans l’optique chamanique, on peut associer cette adaptabilité de l’Etre hybride – homme-animal en union avec l’entité divine – à une facilitation du déplacement de l’esprit dans les différents mondes du cosmos, comme résultat de la transformation du chaman. On peut donc établir un lien entre cette représentation et certains rêves, certains fantasmes ou certaines associations que l’on rencontre en séance d’analyse : ce qui, au début, était action et mouvement spirituel est aujourd’hui devenu activité psychique : créativité (bien-être, mouvement et relation), sommeil-rêve, agressivité, sexualité, spiritualité. Le chaman existe toujours comme entité énergétique profonde dans le champ analytique ; elle implique l’analyste et l’analysé ; dans la réalité, elle peut concerner toute personne qui accepte de se confronter aussi avec ce qu’il sent être structurellement différent ».

 

Groupe 3 : Relation satisfaisante entre deux ou plusieurs sujets, animaux et humains (humer, se rapprocher, se frotter, embrasser, s’accoupler) (ill. 3a, 3b, 3c, 3d)

 

3 a – Fragment de propulseur en bois de renne avec deux bouquetins qui se font face, en lutte ou jeu, assignable au type IV de P. Cattelain. Longueur 9,4 cm. Datation au Magdalénien moyen. Grotte d’Enlène, Ariège, France. (extrait de I. Barandiaran, 2006, p. 41)

3 b – Gravure sur os avec deux rennes dans un probable scène de olfaction génital (mâles?). Datation au Magdalénien supérieur/final. Grotte de La Vache, Ariège, France. (développé par une photographie extrait de H. Delporte, 1993, p. 135)

3 c – Gravure sur plaquette rocheuse avec probable baiser entre deux figures humaines. Datation au Magdalénien III/moyen. Grotte de La Marche, Vienne, France. (extrait de I. Barandiaran, 2006, p. 197)

 

On constate en analyse qu’au fur et à mesure que ses conflits se résolvent, l’analysé entre plus en relation avec les autres et surtout il établit avec eux des rapports plus satisfaisants, tant au plan sexuel qu’affectif. Nous pouvons émettre l’hypothèse que les rares objets préhistoriques illustrant des relations affectivo-érotiques témoignent d’une évolution similaire, faisant coïncider image et parole. Nous ne fournissons pas d’exemples tirés du matériel associatif parce que ces actions se comprennent immédiatement.

Groupe 4 : Sensation agréable face à certaines images animales (ill. 4a, 4b, 4c)

4 a – Dessin d’un groupe de lions en noir, faisant partie du Grand Panneau de la Salle du Fonds. Datation à l’Aurignacien. Découvert en 1994. Grotte Chauvet, Vallon-Pont-d’Arc, Ardèche, France. (détail extrait de J. Clottes (sous la direction de), 2001, pp. 169-170)

 

4 b – Dessin d’un cheval en noir, du panneau 3 du Salon Noire. Datation au Magdalénien final. Grotte de Niaux, Ariège, France. (extrait de J. Clottes, 1995, p. 102)

 

4 c – Petite sculpture de mammouth en ivoire de mammouth. Longueur 37 mm. Datation à l’Aurignacien. Découverte en 2006. Grotte de Vogelherd, Stetten, Allemagne. (extrait de N. J. Conard, M. Lingnau, M. Malina, 2007, p. 23)

 

Rappelons que certaines peintures provoquent en nous une émotion artistique qui nous met dans un état de bien-être et de satisfaction. Nous pouvons émettre l’hypothèse que ce bien-être pourrait aussi dépendre du fait que l’homme préhistorique a peint dans une attitude performative, en syntonie avec l’essence de l’animal, représenté de manière stylisée ou plus naturaliste-vériste.

On peut comprendre « l’attitude performative » – énoncé qui coïncide avec l’action elle-même – comme un acte créateur par antonomase ; on a alors un moyen de le relier à l’hic et nunc qui se produit dans le champ analytique, à travers les dynamiques du transfert et du contre-transfert. La peinture dans la grotte et le discours associatif du champ analytique pourraient donc s’entendre comme des énoncés performatifs ; ainsi, on pourrait lire certains objets préhistoriques – en l’occurrence analogues au discours associatif – comme des insights, que les spectateurs élaboreraient (ou qui l’ont été par les exécutants eux-mêmes) de la même manière qu’en analyse, l’analyste et l’analysé interprètent après coup le matériel verbal.

Groupe 5 : Osmose avec l’environnement (ill. 5a, 5b, 5c, 5d)

L’osmose avec l’environnement se manifeste par le fait que la création est en rapport intime avec support rocheux de la grotte ; effectivement, les volumes exploitent souvent les saillies naturelles, si bien que « les accidents de la roche assument une fonction dynamique. Les animaux se développent à partir des volumes et des cavités » et « l’action de la main » souligne « par ses retouches » (Brusa Zappellini, 2009, p. 168) ce « réalisme fortuit » qui devient « intentionnel », comme l’écrit le psychologue Georges Henri Lucquet, cité par Zappellini ; ainsi, « les projections visionnaires sont l’équivalent sur le plan visuel de ce qu’est la métaphore sur le plan verbal » (p. 169).

5 a – Dessin de bison en noir, partie du Grand Panneau de la Salle du Fonds. Le corps apparaît de profil tandis que la tête, frontale, profite d’un coin dans la paroie rocheuse pour suggérer la tridimensionnalité. Datation à l’Aurignacien. Découvert en 1994. Grotte Chauvet, Vallon-Pont-d’Arc, Ardèche, France. (détail extrait de J. Clottes (sous la direction de), 2001, p.142)

 

5 b – Bisons modelé dans l’argile, collecté à partir du sol de la grotte et placé sur un bloc de rocher. Longueur 63 cm et 61 cm. Datation au Magdalénien moyen. Découverts en 1912. Grotte de Tuc-d’Audoubert, Ariège, France. (extrait de R. Begouen, C. Fritz, G. Tosello, J. Clottes, F. Faist, A. Pastoors, S. Lacombe, P. Fosse, 2007, p. 30)

 

5 c – Tête de biche de la salle de La Hoya. Peint en noir, elle exploite le bord d’un surplomb rocheux naturel afin de suggérer la partie inférieure du cou et le museau. Datation au Magdalénien cantabrique inférieure. Grotte d’Altamira, Cantabrie, Espagne. (extrait de A. Beltran, 1998, p. 150)

5 d – Dent inférieure de cachalot avec deux figures de bouquetin sculpté et incisé avec motifs linéaires géométriques. Les figures occupent toute la surface du support naturel, étant ainsi disposé verticalement et horizontalement. Datation au Magdalénien moyen. Abri du Mas d’Azil, Ariège, France. (extrait de L’art préhistorique des Pyrénées, 1996)

 

Tentons de relier ce fait préhistorique à ce qu’exprime le discours associatif lors d’analyses avancées ; les analysés tendant à actualiser des potentialités de bien-être inscrites dans leur patrimoine, comme on le constate à travers certaines inventions de « créativité post-analytique » dont Daniela Gariglio (1999-2002) s’est occupée et où on peut bien percevoir une osmose avec l’environnement, vécue de manière naturelle. Lorsque l’homme préhistorique exploite un élément préexistant dans la nature pour concrétiser une idée nouvelle, il peut être comparé à l’analysé qui part d’un élément de sa structure caractérielle, c’est-à-dire naturelle, et lui associe d’autres fils conducteurs pour élaborer de nouveaux essais, en particulier des actions originales. A ce point de son travail, avec l’acceptation de sa propre structure caractérielle, la personne en analyse parvient à adapter ses désirs au principe de réalité et peut en accepter les limites. Sur cette base, elle peut donc récupérer de nouvelles images… Si on envisage cela à la lumière de notre modélisation, on peut interpréter ainsi cette capacité d’adaptation s’appuyant sur un aspect de sa propre nature : elle serait le début du processus d’élaboration recombinative dans lequel des échos de conflits et de traumatismes s’amalgament avec des apports de bien-être.

Voici un exemple extrait d’une « séance de rappel ». L’analysée apporte en séance un texte qu’elle vient d’écrire, expression d’un désir qui a jailli de manière naturelle. Elle en lit quelques pages, puis associe librement à partir de ce qu’elle a lu. Elle découvre alors que cet écrit est en rapport spontané avec l’image de la nature ; cette personne découvre aussi, en poursuivant son récit, qu’elle « appuie » littéralement la trame de l’histoire sur des manifestations de la nature qui l’entoure. Effectivement, elle habite à la campagne et vit depuis des années en immersion avec l’alternance des saisons : « Tout naturellement, dit-elle, j’ai donné la parole à la nature que j’ai toujours vue mourir et renaître ; je ne m’étais pas rendu compte qu’elle m’avait aidée à ce point ». Dans un mouvement contre-transférentiel, il vient alors à l’esprit de l’analyste que, dans une phase précédente de son analyse, cette personne avait déjà exprimé, en un flash, une facette d’elle-même où elle se sentait en osmose avec une nature vécue comme amicale : « l’analysée voyait un gros arbre de la fenêtre de sa chambre d’enfant et elle le dessinait continuellement, ce qui la réconfortait pendant les périodes de forte angoisse ». L’analyste se souvient en avoir déjà saisi inconsciemment l’importance, comme en témoigne un poème (ayant valeur de rêve, Cf. Marzi, 2011) qu’elle avait écrit silencieusement, le dédiant à l’analysée. Le poème appréhendait l’identification de l’analysée enfant avec la “croissance spontanée des branches” qui “naissent d’elles-mêmes” ; il contenait ainsi en germe l’idée que cette personne s’était déjà “sauvé la vie” en allant pêcher dans son vécu de l’environnement une possibilité d’adaptation interne aboutissant au bien-être, grâce précisément à sa capacité inconsciente de “s’appuyer” sur l’image de ce gros tronc, source de création (il s’agit d’un exemple de réactualisation transférentielle/contre-transférentielle).

Donc, les traces d’expériences de bien-être peuvent devenir, au delà des “traces liées à la mort” (Roux, 2005, p. 41), des acteurs essentiels dans la vie de la personne en analyse, une fois que ses conflits psychiques les plus perturbateurs ont été désactivés, ce qui en détend le refoulé. D’après notre hypothèse, cela aurait aussi été le cas de manière naturelle dans la préhistoire, au moment où les roches étaient gravées, y laissant enregistrée la vibration d’un bien-être qui avait poussé notre ancêtre à accomplir cet acte de détente et de plaisir. Aujourd’hui, nous recevons cette trace à travers une dynamique de type contre-transférentielle, parce que nous avons probablement en nous le même désir inconscient que nos ancêtres. Désir qui pourrait se manifester selon le mécanisme de la « contemporanéité de désirs dans le champ analytique » décrit par Nicola Peluffo (2006).

En conclusion, il semble que ce bien-être particulier que nous éprouvons en observant des objets préhistoriques, comme nous l’avons décrit, pourrait être une trace éternelle et universelle d’expériences de bien-être qui nous unissent.

Daniela Gariglio, Daniel Lysek © (avec la collaboration de Pietro Rossi (archéologue)

Illustrations choisies par Pietro Rossi

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Bibliographie

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Abstract – Gariglio, Lysek e Rossi, Art, communication and wellbeing (XXIV Valcamonica Symposium 2011, session 4,15 July, Papers, “Art and Communication in pre-literate societies” p. 180) –

In this paper the Authors are considering that deep echoes might possibly exist between prehistoric and today’s man. They base their hypothesis upon their observations made during long sessions of micropsychoanalisis, especially on transference/counter-transference dynamics, and on the study of rock Art. From an analytical point of view, such echoes refer to representations and affects linked with self-representation and adaptation. In some of their previous studies, D. Gariglio and D. Lysek had assumed that some everyday life factors, both prehistoric and present-day, could express some evidence of unconscious tracks of wellbeing experiences. These tracks could be reactivated whenever psychic fluidity exists. This could then promote an elaboration and a re-arrangement of the information stored in the psyche. In addition, after a recent journey to prehistoric Perigord, it seems reasonable to suppose, even in pre-lettered societies, some dynamics linked to wellbeing experiences. Such hypothesis might add a connection between us and our distant ancestors.

Notices biographiques des auteurs

Daniela Gariglio

Daniela Gariglio, née à Padoue en 1947, travaille à Turin comme micropsychanalyste et psychothérapeute ; inscrite à l’Ordre des psychologues-psychothérapeutes depuis 1989, elle est analyste didacticienne de la Société Internationale de Micropsychanalyse et de l’Institut Italien, elle est l’auteure de diverses publications, parmi lesquelles des œuvres narratives. Après avoir été enseignante en Lettres (diplômée en 1973), elle se spécialise en Psychologie clinique à l’Université de Turin. Elle poursuit par une formation en psychodrame analytique, psychothérapie cognitivo-comportementale, training autogène et thérapie brève d’orientation psychodynamique. Enfin, elle complète sa formation psychanalytique selon la méthode micropsychanalytique. Elle intègre ces diverses expériences dans son activité de consultante/formatrice, dans l’enseignement de disciplines psychologiques/psychothérapeutiques au sein des Spécialisations Ministérielles Polyvalentes (de 1983 à 1992) et surtout dans son activité analytique, individuelle et de groupe.

S’intéressant de longue date aux potentialités créatrices que l’on peut mettre en évidence tant dans le champ analytique que dans la réalité, elle en témoigne dans différents livres (1997/99/2000/01/02/04…) et en réalisant la collection I Nuovi Tentativi (Les nouveaux essais) aux Editions Tirrenia Stampatori, où elle recueille des expressions de créativité post-analyse. Par la suite, elle écrit Créativité bien-être. Mouvements créatifs en analyse avec Daniel Lysek (Armando 2007, L’Age d’Homme, 2008) ; elle a approfondi la modélisation qu’ils ont élaborée en commun dans des communications à des congrès ou à travers de nombreux écrits. Ainsi, Daniela Gariglio a peu à peu présenté ses études personnelles sur la « créativité comme bien-être psychobiologique » (https://www.psicoanalisi.it/tag/benessere-psicobiologico), dans différentes revues. La progression de ses publications sur ce thème peut être consultée dans la bibliographie des membres de l’Institut Italien de Micropsychanalyse.

Daniel Lysek

Daniel Lysek travaille à Peseux (Neuchâtel, Suisse) comme micropsychanalyste et psychothérapeute. Né en 1950 à La Chaux-de-Fonds (Suisse), il a obtenu un diplôme de médecin en 1976. Il a travaillé 10 ans au Centre micropsychanalytique du Dr Silvio Fanti à Couvet (Neuchâtel, Suisse), participant au développement théorique de la micropsychanalyse et devenant ainsi co-auteur du Dictionnaire pratique de la psychanalyse et de la micropsychanalyse (Buchet/Chastel, 1983). Depuis 1985, il est analyste didacticien de la Société Internationale de Micropsychanalyse, qu’il a présidée de 1987 à 1991.

Membre fondateur de l’Institut Suisse de Micropsychanalyse, il en est le directeur depuis 1999. Il est également membre d’honneur et correspondant étranger de la Fédération Européenne de Psychanalyse et Ecole Psychanalytique de Strasbourg (FEDEPSY) et de son Groupement des Etudes Psychanalytiques.

Il est l’auteur de nombreuses communications à des congrès internationaux et de nombreux écrits, parmi lesquels un livre en collaboration avec Daniela Gariglio Créativité bien-être. Mouvements créatifs en analyse (Armando 2007, L’Age d’Homme, 2008). Il anime par ailleurs un groupe de recherche en psychosomatique.

Pietro Rossi

Pietro Rossi, née à Turin en 1967, a obtenu une licence en Archéologie classique de l’Université de Turin en 1995. Pendant 15 ans, il a été chercheur au Musée Civique archéologique de Chiomonte, où il a collaboré, sur le site néolitique de Chiomonte et sur le village palafitte de l’âge du bronze de Viverone, au projet de recherche sur le peuplement préhistorique des Alpes, sous l’égide de la Surintendance archéologique du Piémont. Il a participé à des fouilles en Ardèche, sous la direction de Jean-Louis Roudil et Gérard Onoratini, et à des recherches pour le compte du CNRS. Il a collaboré avec le Centre des recherches archéologiques et des fouilles de Turin, dirigé par le Pr Giorgio Gullini, sur des projets scientifiques en Sicile, à Selinunte, et au Moyen-Orient, en Syrie.

Fondateur du centre culturel et tour operator Schliemann & Carter de Turin, il s’y occupe depuis 12 ans de vulgarisation archéologique en organisant et accompagnant des voyages archéologiques en Italie et dans de nombreux autres pays.

Il est l’auteur de plus de vingt publications scientifiques et de vulgarisation en archéologie, principalement centrées sur la datation préhistorique.